Avec son album London Ko sorti en 2022, Fatoumata Diawara réinvente la musique traditionnelle africaine, elle qui nous avait dernièrement replongé dans ses racines mandingues, avec les projets Maliba ou Le Vol du Boli d’Abderrahmane Sissako.
C’est avec son précédent album Fenfo qu’elle avait entamé l’invention de son propre style, qui lui a valu une nomination aux Grammy Awards et aux Victoires de la Musique en 2019. Elle continue aujourd’hui de bousculer les codes, et nous plonge dans un univers éclectique et avant-gardiste. En teintant sa musique de différentes couleurs (afrobeat, jazz, pop, électro, ou encore hip hop), il devient alors impossible de classer London Ko dans une case.
« J’ai mis tout mon amour, mon âme et mon corps dans le processus créatif de cet album ».
Toujours plus affirmée dans ses propos, elle opère une réconciliation parfaite entre sons synthétiques et rythmes traditionnels maliens. Le morceau « Dambe » (se traduisant par « les valeurs de la tradition ») illustre bien les intentions de Fatoumata Diawara : elle ne se contente pas de la critique mais propose. C’est en musique qu’elle choisit d’agir et nous dévoile la possibilité d’un autre rapport au temps. C’est par ce va-et-vient entre un style avant-gardiste et l’éloge des ancêtres, qu’elle désamorce les dissonances du présent. Le mélange des genres est alors entendu comme un levier d’émancipation. Fatou se joue également des espaces géographiques, comme le suggère le titre de l’album, London Ko. Un néologisme qui symbolise aussi sa collaboration avec Damon Albarn, d’où émerge un nouveau monde, fusion de Bamako et de Londres. Un clin d’œil à la richesse du mélange, de l’ouverture à l’Autre ; à l’importance de l’interculturalité. Figure centrale de la musique anglo-saxonne et fin connaisseur de la musique africaine, Damon Albarn co-produit l’album en intervenant sur pas moins de six morceaux.
Un nouvel album est prévu pour 2026.